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que si jamais elle avait quelque peine, il serait là pour la consoler.

Ce qu’il se gardait bien d’ajouter, c’est que parfois il quittait Reims lui-même pour passer vingt-quatre heures avec Jean, sous le prétexte, qu’il donnait à son patron, Me Tellier, de rendre visite à une vieille parente qui habitait Asnières, et dont il espérait hériter un jour.

Mais toutes les démonstrations d’amour du grotesque personnage ne provoquaient chez l’ancienne modiste que des éclats de rire ; elle n’y répondait que par des consolations ironiques, et les choses duraient ainsi depuis six à huit mois, lorsqu’un matin, vers dix heures, au moment où Mme Mourel était seule à la maison, Jean étant parti depuis plusieurs jours, trois personnages qu’elle ne connaissait pas lui apparurent soudain sur le pas de sa porte.

L’un de ces étrangers, tout habillé de noir, avait la tournure d’un magistrat, avec son visage soigneusement rasé, sauf de longs favoris, et son aspect sévère. Le second, d’une allure un peu lourde et d’un air paterne, semblait un bon bourgeois à ceux qui ne saisissaient pas la finesse de son sourire et la vivacité de son regard.

Quant au troisième, c’était un bureaucrate quelconque, à en juger par sa physionomie insignifiante, la nonchalance de sa démarche et le grand portefeuille qu’il portait sous le bras.

Ils s’étaient introduits tous trois dans le jardin, sans sonner.

Rose eut d’abord un mouvement de frayeur, mais en s’apercevant que ces visiteurs inattendus étaient