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qui maintenant lui étaient révélées, car si pure, si chaste qu’elle fût, elle comprenait, à peu près du moins, et le rouge lui montait au front.

Elle s’expliquait donc le désir de sa mère de lui assurer une existence honorable, brillante, qui la ferait rompre avec tout le passé, et se disant que, sans doute, cette mère si dévouée, si aimante, envisageait son mariage avec toutes ses conséquences douloureuses comme une sorte de rachat de ses erreurs, la pauvre enfant arrivait à reconnaître qu’elle devait obéir.

De plus, devenir l’égale des mieux titrées de ses amies de couvent, que son nom roturier avait si souvent fait sourire s’appeler la duchesse de Blangy-Portal, n’était-ce pas là une perspective de nature à l’enivrer un peu ?

Et d’ailleurs, cette séparation dont elle était menacée, serait-elle aussi complète qu’on le lui faisait craindre ? Est-ce que son mari aurait jamais la cruauté de ne pas lui permettre de voir sa mère, d’abord en cachette, rarement, jusqu’au jour où, par sa tendresse, elle aurait acquis sur lui assez d’empire pour qu’il n’osât plus rien lui refuser ?

Ce fut, agitée par toutes ces pensées et rassurée par ces petits accommodements de conscience que la jeune fille s’endormit, et le lendemain matin, lorsque Mme Frémerol, la surprenant au lit, se pencha sur elle pour l’embrasser, elle lui dit entre deux baisers :

— Je ferai ce que tu voudras, mère adorée, pourvu que tu m’aimes toujours et qu’on ne me sépare pas tout à fait de toi.

Geneviève ne répondit à Claude qu’en la serrant sur