Page:René de Pont-Jest - La Duchesse Claude.djvu/133

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Tu as cinq millions de dot, qui représentent à peine la moitié de ce que je possède.

— Cinq millions ! C’est beaucoup cela ?

— C’est une belle fortune.

— Le duc n’est pas riche, lui ?

— Sa situation financière est médiocre.

— C’est en échange de tes millions qu’il veut bien me donner son nom ?

— Ces sortes de mariages se font tous les jours. Il est évident que s’il est venu ici, c’est parce qu’il savait quelle dot tu dois avoir ; mais j’en suis certaine, il est parti beaucoup plus ébloui de ta beauté que de ton argent. Est-ce qu’il te déplaît ?

— Il y a un instant, je t’aurais dit non. En ce moment j’hésite, je ne sais trop. Veux-tu me donner jusqu’à demain pour te répondre ? La nuit porte conseil ; je vais réfléchir.

— Eh bien oui, réfléchis, consulte-toi, et demain matin seulement, nous prendrons une décision. En attendant, ne parlons plus de rien. Le coupé qui a conduit ces messieurs à la gare va nous mener à Mantes. Je veux régler avec ton couvent, car à quelque parti que nous nous arrêtions, tu ne retourneras plus à la Visitation. Il faut que tu fasses tes adieux aux bonnes sœurs et à tes amies.

— C’est vrai ! Alors je demeurerai ici avec tante Ronsart !

— Et moi, car si tu ne te maries pas, je quitterai Paris pour m’installer près de vous.

L’arrivée de la voiture interrompit cet entretien et, quelques minutes plus tard, Mme Frémerol et sa fille partirent pour Mantes ; mais ni pendant cette prome-