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— Oui, lui-même, répéta sa mère en la ramenant doucement à elle. Il est jeune, beau cavalier, et s’il ne t’aime pas encore, du moins tu lui plais déjà beaucoup.

— Et il veut me séparer de toi ?

— Écoute-moi, calme-toi. Je ne te forcerai jamais à te marier, pas plus avec M. de Blangy-Portal qu’avec tout autre, mais j’éprouverai le plus grand chagrin si yu refuses de le faire.

— Tu ne m’aimes donc plus ?

— Ah ! mon adorée, c’est au contraire parce que je t’aime de toutes les forces de mon âme que je veux pour toi un nom tellement illustre, une position si brillante, une place si grande dans le monde, que le passé disparaîtra tout entier. Ton bonheur, ton élévation, tes succès, mais ce sera là ma rédemption !

— Et nous ne nous verrons plus, plus du tout, plus jamais ?

— Tu exagères ! Je n’irai point chez toi, du moins pas dans les premiers temps de ton mariage ; plus tard nous verrons, mais le duc te permettra de venir ici de temps en temps.

— Alors, à Paris ?…

— À Paris, Claude, tu n’es jamais entrée chez moi, depuis que je t’ai confiée aux Visitandines.

— C’est vrai, mère, c’est vrai ! Pardonne-moi, je ne devrais pas te tourmenter ainsi. Tu serais donc heureuse si j’épousais M. de Blangy-Portal ?

— Bien heureuse !

— Mais, j’y pense ! Comment se fait-il qu’un gentilhomme de grande maison demande la main d’une petite roturière telle que moi ?