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qui se tenait pensive sur le seuil du hall, elle lui dit tendrement, en la prenant par la taille :

— Tu veux donc me marier, petite mère ?

— Qui te fait supposer cela ? demanda Mme Frémerol en rougissant.

— Dame ! la visite de M. le duc de Blangy-Portal… qui désirait tant me connaître.

— Eh bien tu as deviné, montons chez toi. Nous allons causer sérieusement.

Elle prit le bras de sa fille sous le sien et elles gravirent lentement, sans prononcer un seul mot, le grand escalier qui conduisait au premier étage.

L’appartement de Claude était toujours le même, celui où, dix années avant l’époque où nous sommes arrivés, le docteur Alexandre Guerrard était venu arracher à la mort l’enfant que le croup étranglait mais on l’avait singulièrement embelli.

On avait fait un ravissant boudoir du petit salon qui précédait la chambre à coucher, et cette seconde pièce était meublée avec un goût exquis. Ce n’était plus, ainsi que jadis, le nid virginal d’une fillette, mais celui d’une jeune femme qu’on voulait accoutumer au luxe au milieu duquel elle était appelée à vivre.

Parvenue dans cet appartement, Geneviève se laissa tomber dans un fauteuil et prenant, entre ses mains, la tête de sa fille, qui s’était agenouillée devant elle sur un coussin, elle la regarda avec amour, puis après un long silence que Claude émue n’osait rompre, elle lui dit :

— Oui, ma chérie, oui, je songe à te marier, mais avant de te demander si l’union que j’ai en vue te plaît, je dois te rappeler ce que je t’ai déjà fait pres-