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lier, où il s’enfermait d’ailleurs presque toujours.

Il y avait là des planches de cuivre et d’acier, des acides, des burins, des vernis, des cartons, des papiers de diverses couleurs, et la curieuse fille d’Ève aurait bien voulu savoir comment Jean se servait de tous ces objets ; mais quand elle l’interrogeait à cet égard, il lui répondait :

— Que t’importe, pourvu que cela me donne de quoi t’acheter de belles robes !

Et il la renvoyait avec un baiser.

Rose avait alors fini par laisser son mari tranquille, et bien qu’elle ne l’aimât point follement, elle se trouvait heureuse de sa situation nouvelle.

Une seule chose la contrariait, c’étaient les absences fréquentes de Mourel. Il allait presque tous les quinze jours à Paris, d’où il revenait chaque fois, il est vrai, avec quelque cadeau pour celle dont les clients du bal Besnard ne cessaient de regretter la disparition.

L’un d’eux surtout, Albert Rommier, était resté fidèle à son souvenir. Il cherchait à la rencontrer et y réussissait parfois, et comme il ne manquait pas de lui dire, en ces occasions, qu’il l’aimait toujours, était prêt à tenir ses promesses de jadis, qu’elle pourrait, lorqu’elle le voudrait, s’adresser à lui, la jeune femme, qui ne songeait pas à manquer à ses devoirs, en était réduite à ne plus oser sortir de chez elle.

Quant au clerc d’huissier, il continuait à soupirer, à se montrer aimable, gracieux, empressé, s’efforçant tout à la fois d’amuser Rose et d’éveiller sa jalousie, en insinuant que Mourel pouvait bien ne pas aller à Paris seulement pour ses travaux, et lui jurant enfin