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n’en suis pas bien sûre, que l’odeur du tabac ne me déplaît pas trop. J’ai précisément au couvent une amie, une princesse russe, s’il vous plaît, qui fume des cigarettes. Il parait que c’est la mode dans son pays. Je trouve que ça sent très bon.

— Alors vous n’empêcherez pas votre mari de fumer ? fit M. de Blangy-Portal.

— D’abord, monsieur le duc, j’ignore si je me marierai jamais, et j’ai de plus l’idée, si inexpérimentée que je sois, que ce n’est pas en le lui défendant qu’une femme obtient de son mari qu’il ne fasse pas ce qui lui plaît.

— Vous êtes dans le vrai, mademoiselle ; mais j’ai, moi, la conviction que, pour celui qui aura le bonheur de lier son sort au vôtre, vos moindres désirs seront des ordres auxquels il lui sera doux d’obéir.

Et comme, après avoir prononcé ces mots du ton le plus gracieux, Robert s’était rapproché de Mme Frémerol, Claude dit tout bas à Guerrard :

— Il est bien aimable, votre ami. Voyons, vous qui m’aimez un peu, car vous m’aimez, n’est-ce pas est ce que c’est seulement pour vous accompagner que M. le duc de Blangy-Portal est venu chez nous ?

— Je crois bien qu’il y a aussi autre chose, riposta Paul en riant, mais chut ! Votre mère vous en dira davantage après notre départ.

— Autre chose ! Qu’est-ce que cela peut être ?

Elle entraînait doucement le docteur à l’écart.

— Non pas, fit-il en échappant à cette gracieuse violence, non pas ! Vous voulez me confesser, mais je ne sais rien, absolument rien, je vous assure !

Et il se sauva pendant que la jeune fille murmurait :