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Le repas terminé, Mme Ronsart, ainsi qu’il en avait été convenu d’avance, emmena sa nièce qui, après avoir embrassé sa mère, se retira, en disant avec grâce :

— Nous vous laissons fumer, messieurs, mais à tout à l’heure.

— Excusez-la, fit Mme Frémerol au duc, dès qu’elle fut seule avec ses visiteurs, elle ne sait encore rien du monde et se conduit toujours un peu en enfant.

— Madame, riposta vivement Robert, je n’ai qu’une façon bien nette de vous exprimer mon opinion sur tout ce que je vois ici. J’ai l’honneur de vous prier de m’accorder la main de Mlle Claude.

L’ancienne maîtresse d’Adolphe Berquelier ne put dissimuler l’orgueil qui l’envahissait ; ce fut cependant avec beaucoup de calme qu’elle répondit :

— Je suis toute fière pour ma fille et pour moi de votre demande, monsieur le duc, et vous ne doutez pas de mon acquiescement ; mais je désire consulter celle que cela intéresse la première. Je le ferai aujourd’hui même et si, comme je l’espère, elle répond affirmativement, je vous l’écrirai demain. Vous me ferez alors l’honneur d’une seconde visite à Paris, et nous tomberons aisément d’accord, j’en ai la conviction, car, vous le savez, je suis prête à tous les sacrifices, même les plus douloureux, pour assurer le bonheur de Claude. Je vais la rejoindre ; il ne faut pas qu’elle nous suppose en conférence secrète. Causez de toutes ces choses avec M. Guerrard. Ce que par galanterie et délicatesse vous ne voudriez peut-être pas me dire, dites-le lui, il me le rapportera fidèlement.

Ces mots, prononcés avec une véritable dignité, Geneviève s’éloigna.