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Mme Mourel ne sera aux ordres de personne. Nous serons bientôt assez riches pour que tu puisses commander aux autres à ton tour.

Si étrange que tout cela lui parût, Rose était ravie. Aussi, ce soir-là, ne résista-t-elle pas trop lorsque son futur, avant de la quitter, sur le pas de sa porte, la serra dans ses bras et l’embrassa longuement.

Le lendemain, les choses se passèrent comme Mourel les avait réglées. Il vint demander à la veuve de l’employé des postes la main de sa nièce ; la brave femme la lui accorda bien vite, enchantée qu’elle était de trouver un tel parti pour celle dont la surveillance lui devenait impossible ; la jeune fille alla faire ses adieux à sa patronne et à ses camarades d’atelier, et, quinze jours plus tard, les deux époux prenaient possession de la petite maison que Jean avait louée dans un des faubourgs de la ville.

L’habitation se composait d’un pavillon isolé au milieu d’un assez grand jardin, et Mme Mourel eut rapidement fait de cela une demeure modeste, mais charmante.

Son mari l’avait laissée libre de meubler & sa guise la salle à manger du rez-de-chaussée et l’une des deux chambres qui se trouvaient au premier, leur chambre à coucher ; mais il s’était réservé exclusivement la seconde de ces pièces.

C’était là qu’il travaillait, n’y recevant jamais personne, sauf son ami Durest.

En montrant à sa femme de nombreux dessins qu’il était chargé de graver pour de grands éditeurs de Paris, il lui avait aisément fait comprendre combien il était nécessaire que rien ne fût dérangé dans son ate-