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— J’ai élevé Claude en vue de mes projets. Je lui ai fait entendre, depuis longtemps déjà, que si elle trouvait un parti selon mon ambition, c’est-à-dire dans un monde où mon extraction bourgeoise ne m’a pas permis de pénétrer, nous cesserions de nous voir.

— Et Mlle Claude n’a fait aucune objection ?

— Elle m’a répondu d’abord qu’elle ne voulait pas me quitter ; je l’ai laissée dire, puis, comme l’esprit de ses amies de couvent, son esprit à elle s’est ouvert à des perspectives d’avenir, et, la sachant riche, séduites par ses qualités, celles qui appartiennent à votre caste lui ont en quelque sorte donné rendez-vous dans leurs salons futurs. Pour tout le monde, Claude est une orpheline qui a hérité, de son grand-père maternel, une fortune considérable ; elle n’a plus qu’une seule parente, une sœur de cet aïeul, sa grand’tante, qui habite Verneuil. Moi, je ne suis que sa marraine, c’est-à-dire rien pour personne, ni même pour elle devant la loi.

— Votre fille ne connaît pas encore votre projet ; comment l’accueillera-t-elle ?

— Que voulez-vous dire ?

— Ne s’effraiera-t-elle pas à l’idée d’épouser un veuf ayant un grand fils de dix ans ? Enfin, si je ne lui plais pas ?

— Il est certain que si cela arrivait, je ne vous imposerais point à elle, mais ce n’est pas à craindre, vous vous en doutez bien un peu. Une vieille femme comme moi a le droit de vous affirmer que vous êtes un cavalier doué de trop de qualités physiques pour que ses hommages ne flattent pas une jeune fille. Quant à votre situation de veuf et père, Claude