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— Je vous devais cette marque de courtoisie, madame, répondit le gentilhomme en s’inclinant et sans trop trahir la surprise que lui causait la beauté, le ton parfait et la distinction de celle qu’il ne connaissait que par le bruit qu’avaient fait jadis ses aventures galantes. Que nos relations deviennent plus intimes, ou que nous ne soyons, après mon départ d’ici, que deux personnes qui se sont rencontrées par hasard, je ne m’en applaudirai pas moins d’avoir eu la bonne pensée de refuser la proposition que, par excès de délicatesse, vous m’aviez faite de nous rejoindre sur un terrain neutre.

Venant d’un grand seigneur tel que le duc, ce ton de déférence flattait doublement Mme Frémerol. Aussi reprit-elle aussitôt, avec un sourire :

— Alors, rien ne s’oppose à ce que nous causions en toute franchise du projet dont notre ami commun a eu l’idée.

— C’est tout à fait mon avis, et je suis prêt à ne pas apporter moins de loyauté que vous dans notre entretien, répondit Robert.

— Passons rapidement sur un premier point pour n’y jamais revenir. Vous n’ignorez pas qui je suis… ou plutôt ce que j’ai été, et moi, je sais sur vous tout ce qu’il était indispensable que je connusse : la noblesse de votre maison, l’illustration de votre race, vos qualités personnelles et les désastres financiers qui vous décident à chercher une fortune nouvelle en dehors de votre monde, mais dans des conditions de nature à vous épargner tout blâme de vos pairs et à sauvegarder complètement votre juste orgueil. C’est bien cela ?