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ne doit pas être de trop basse extraction, car au moment où je l’ai rencontrée pour la première fois, il y a de cela plus de dix ans, elle m’a semblé une femme bien élevée.

— Que ferais-tu à ma place, mais là, sincèrement ?

— Moi, j’irais voir Mme Frémerol, et si je m’entendais avec elle sur certains points délicats à régler ; ses rapports futurs avec sa fille, j’épouserais celle-ci des deux mains, pour en faire la plus adorable des duchesses. Je lui ai dit de toi tout ce que je devais lui dire sur ton passé et sur ta situation présente tu n’as donc à craindre de sa part aucune question embarrassante. Va la trouver, cause avec elle ; tu prendras ensuite un parti.

— Eh bien, soit ! Rends-moi le service de demander à Mme de Frémerol un rendez-vous ; j’irai chez elle ; cela ne m’engagera pas au delà de ce que je voudrai.

Le duc Robert avait jeté ces mots en quittant brusquement son siège, et il s’était mis à arpenter fiévreusement le fumoir.

Il était évident que son vieil orgueil se révoltait encore et que, si prêt qu’il fût à le sacrifier à ses embarras financiers, il eût préféré que Guerrard n’en sût rien.

Plus tard, lorsqu’il aurait donné son nom à la fille de l’ex-courtisane, s’il s’y décidait, son ami serait là toujours comme un témoin de son marché honteux. Cette idée l’humiliait.

D’un autre côté, cinq millions, c’était plus qu’il n’avait espéré trouver jamais. Il pourrait se débarrasser de ses créanciers, dégrever ses biens des hypothèques qui le ruinaient, reconstituer son existence