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de Caton ! Alors tu viens me proposer un mariage à conditions.

— Absolument.

— Tu veux que je fasse le serment de devenir bon père et bon époux. Pourquoi pas bon garde national ?

— Parce que cette noble institution, adorée de M. Prudhomme, n’existe plus.

— Voyons, soyons sérieux.

— Je ne te demande pas autre chose. Promets moi de rompre, en tant qu’il est possible de le faire à un homme de ta situation et de ton monde, avec les sottises qui t’ont conduit là où tu en es aujourd’hui, et je te donne une femme et une fortune inespérées.

— Sacrebleu ! c’est tentant.

— Tu pourras prélever sur la dot cinq cent mille francs, j’en suis sûr, pour régler tes affaires, et il te restera deux cent mille livres de rente, c’est-à-dire plus que tu n’as jamais eu.

— Et toi, que deviendras-tu, quand je serai rentré dans le giron de l’Église, comme dirait mon honorable tante de Lancrey ?

— Tu me prêteras quelques billets de mille francs pour payer mes dettes, et je retournerai à mes malades.

— Les infortunés ! Voilà bien des malheureux que tu songes à faire d’un seul coup ! Tu dis cinq millions. Cinq vrais millions ?

— Pas moins ! Je te sais incapable de manquer à ta parole. Jure et dans cinq minutes tu seras fixé.

— Et elle est jolie, la future duchesse ?

— Ravissante, bien élevée, intelligente ; un caractère d’ange.