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dévouement, cette femme affolée d’ambition et d’amour maternel, il se demanda, en retournant rue de Lille, si Robert, tout grand seigneur qu’il fut, était vraiment digne de devenir le mari de cette enfant, née, il est vrai, d’un père inconnu et d’une femme de mœurs légères, mais adorable, adorée et riche à millions.

Malheureusement les scrupules de Paul s’étaient amoindris en retrouvant son ami aux prises avec Blumer et son catalogue de demoiselles à marier, et c’est pour cela qu’il lui avait murmuré à l’oreille :

« Débarrasse-toi d’Isaïe et de ses aspirantes au titre de duchesse, j’ai mieux que cela à t’offrir ! »

Néanmoins, quand il fut seul avec Robert et après lui avoir dit : « De plus, pas de commission à donner ; rien des agences », il devint subitement sérieux et ajouta :

— Seulement, avant de te raconter d’où je viens et la trouvaille merveilleuse que j’ai faite, je suis forcé de te confesser et d’exiger de toi un serment.

— Une confession, un serment ! riposta le duc en riant. Qu’entends-tu par là ?

— Je puis te faire épouser la plus charmante, la plus belle, la plus irréprochable des jeunes filles, avec cinq millions de dot et autant en espérances. Mais j’ai juré et me suis juré de ne t’en rien dire de plus avant de savoir si tu as l’intention de reprendre une existence honnête, raisonnable, de père de famille, et d’abandonner, à peu près du moins — tu vois que je suis pour les concessions — les deux causes de ta ruine le tapis vert et les courses.

— Tu es tout à fait superbe dans ce nouveau rôle