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de la lui dire, sauf à lui jurer que je ne reverrai jamais ma fille quand elle sera mariée, vous croyez que cela ne sera pas un obstacle ?

— J’espère que non, et peut-être même mon ami ne vous imposera-t-il pas une séparation aussi radicale que celle à laquelle vous êtes prête par amour maternel. Cette question, si intéressante pour votre cœur, sera à traiter tout spécialement.

Accoudée sur le bras de son fauteuil et la main sur les yeux, la Frémerol réfléchissait.

Son esprit était évidemment le siège d’une lutte des plus vives entre les pensées diverses qui s’y présentaient.

Sa vanité lui conseillait d’accepter pour Claude ce titre qu’elle avait toujours rêvé ; mais son bon sens et sa tendresse la faisaient au contraire hésiter.

Elle avait une trop grande expérience du monde parisien et de ses vices pour s’illusionner un instant. L’homme qui se décidait à faire un mariage du genre de celui dont il s’agissait ne pouvait avoir sur l’honneur des idées bien sévères, puisque son ami était convaincu qu’il passerait sur l’irrégularité de l’état civil de celle qui deviendrait sa femme ; à moins, cependant, que cet homme, philosophe, se souciant peu des préjugés, ne fût prêt à les braver ouvertement, ainsi qu’à estimer et aimer, bien qu’étrangère à son milieu social, celle qui lui apporterait la richesse et le bonheur.

Ce qu’il lui importait donc de connaître, c’était le caractère de M. de Blangy-Portal, et si les embarras financiers qui lui faisaient rechercher une grosse dot étaient dus à des causes avouables, et non à des