assailli, cela est facile à comprendre. Ta réunion à cette table avec Blanche me rappelle les deux êtres que j’ai le plus aimés, ma femme et mon frère ; et lorsque je pense que j’ai passé l’âge auquel ton père est mort, je me demande si ma chère fille, elle aussi, ne sera pas bientôt orpheline. C’est l’enfant de ma vieillesse ! Dieu ne devrait pas permettre d’être père à celui que les lois de la nature condamnent à abandonner si vite ceux qui ont encore besoin de lui.
— Mon oncle ! voulut interrompre Paul.
— Pardonne-moi, mon ami, poursuivit M. Armand du Longpré, ce n’est pas ainsi que je devrais te recevoir, mais ces tristes idées m’ont envahi malgré moi. Là, c’est fini ! Pourquoi, d’ailleurs, ne pas voir l’avenir moins sombre ? Maintenant que tu es là, Blanche n’est plus en danger d’être seule. Je suis riche, mon établissement marche à merveille ; si tu prends goût aux affaires, tu deviendras mon associé, dès demain si cela te convient ; et comme tu as vingt-cinq ans à peine, qui sait ? peut-être un jour me demanderas-tu toi-même à être plus encore que mon neveu.
Le vieillard était redevenu tout joyeux à cette perspective, si lointaine qu’elle fût, qui le rassurait sur l’avenir de sa fille.