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d’instants plus tard, le jeune homme prenait possession, dans la salle à manger, du siége que son oncle lui désignait en disant :

— Mon cher neveu, voici votre place désormais, entre Blanche et moi.

Pour toute réponse, Paul tendit une de ses mains au vieillard et se pencha vers la fillette pour l’embrasser.

Le repas fut charmant, mais l’oncle n’entretint son neveu de ses affaires et de ses projets qu’autant que Blanche voulut bien le permettre, et tout d’abord elle força son père à tutoyer son jeune parent ; puis, lorsque l’heure du repos sonna pour son élève et que madame Dormeuil vint l’en prévenir, la gracieuse enfant ne se retira qu’après avoir passé des bras de son père dans ceux de son cousin.

MM. du Longpré restèrent seuls.

Le créole, qui avait suivi du regard la fillette, s’aperçut, en se retournant vers M. Armand, que les yeux de celui-ci étaient humides.

— Qu’avez-vous donc, mon oncle ? lui demanda-t-il affectueusement en se rapprochant de lui.

— Ce que j’ai, mon cher Paul, répondit le vieillard en secouant la tête, comme pour en chasser les tristes pensées dont son esprit semblait