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Veuf depuis cinq ans déjà, il vivait là avec Blanche, sa fille unique, à laquelle une brave et digne femme, madame Dormeuil, servait d’institutrice et surtout de mère, depuis la mort de madame Armand du Longpré.

Blanche, qui avait alors une dizaine d’années, était bien la plus charmante fillette qui se pût voir. Blonde, mince, un peu frêle, mais néanmoins d’une santé parfaite, tout, en elle, était grâce et séduction, depuis son rire argentin, ses regards francs et droits, sa gaieté d’enfant, jusqu’à sa coquetterie naïve, son despotisme affectueux, ses élans d’intarissable bonté.

Elle adorait son père ; celui-ci en était fou.

Madame Dormeuil n’aimait pas moins son élève, qui lui rendait bien son affection, mais elle était plus sérieuse ; c’était la note grave dans ce concert de tendresses.

On voit que, dans la maison de M. du Longpré, tout était calme et bonheur. Durant sa longue et laborieuse carrière, le digne vieillard n’avait eu que deux chagrins réels : celui que lui avait causé la perte de sa femme, puis, moins de deux ans plus tard, celui que la mort de son frère était venu lui apporter au milieu des joies que sa fille répandait autour d’elle.