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ferait un frère, un mari, en mettant ma bourse à votre disposition. Pardonnez-moi cette offre.

— Je vous pardonne, mon ami, répondit Gabrielle, avec un triste sourire et en pressant les mains qui retenaient les siennes ; mais je vous remercie. Grâce à Dieu, ma mère et moi n’avons besoin de personne, pas même de vous. Nous allons reprendre notre existence modeste et oublier l’avenir ambitieux que nous avait fait rêver la perspective de l’héritage de M. Morin. Ah ! je vous assure que, pour ma part, je n’en veux pas à Me Duchemin de nous avoir fait faire ce long voyage. Je lui en sais gré au contraire, comme je bénis Dieu, puisque je vous ai rencontré sur ma route.

Sans attendre que Paul, enthousiasmé, fou d’amour et d’admiration, ajoutât un seul mot, la jeune fille s’arracha de ses bras et disparut en lui envoyant de la main et du regard un dernier baiser.

Deux heures plus tard, tous les passagers de l’Espérance étaient à terre, et M. du Longpré quittait ses compagnes de traversée, après les avoir installées à l’hôtel de l’Amirauté et pris rendez-vous avec elles pour le soir.

— Eh bien ! dit madame Berthier à sa fille dès