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de la jeune fille, la força doucement à s’asseoir sur son divan, se mit auprès d’elle et lui dit :

— Gabrielle, votre abattement, que vous vous efforcez vainement de me cacher, me fait plus de peine que je ne saurais l’exprimer ; c’est presque une insulte à mon honneur. Douteriez-vous de moi ?

— Je ne doute pas de vous, mon ami, répondit mademoiselle Berthier à demi-voix ; mais j’ai peur.

— Peur ! De qui, de quoi donc ?

— Que sais-je ! Il me semble que nous allons nous quitter pour ne nous revoir jamais !

— Enfant !

Et Paul, attirant Gabrielle sur son cœur, couvrit son front de baisers.

— Enfant, répéta-t-il, cette séparation est nécessaire pour votre réputation ; c’est vous-même qui en avez eu la pensée ; car, moi, si impérieux que soient les devoirs que j’ai à remplir à mon arrivée à Paris, je n’avais pas songé à m’éloigner de vous un seul instant. Je vous ai proposé de vous présenter immédiatement à mon oncle ; vous n’avez pas été de cet avis ; vous avez pensé qu’il était préférable, avant de lui parler de quoi que ce fût, d’étudier un peu son caractère. Vous avez