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de lutter contre le cyclone, se laissait entraîner par lui, s’efforçant seulement de s’éloigner du foyer de la tourmente en coupant diagonalement ses terribles cercles, au centre desquels était la mort, mort inévitable, fatale, horrible !

La situation resta la même à peu près pendant deux ou trois heures ; mais lorsque la nuit fut tout à fait venue, l’ouragan redoubla de violence, et le capitaine fut obligé de se débarrasser de son petit hunier et de sa brigantine. Néanmoins, sous les trois voiles qui lui restaient, voiles réduites à leur plus simple expression, l’Espérance filait encore près de douze nœuds.

Les lames, en passant par-dessus le couronnement et les bastingages, noyaient son pont de bout en bout. On avait dû ouvrir les sabords de l’avant pour permettre à l’effrayante quantité d’eau qui embarquait de s’échapper, lorsque le clipper montait sur le sommet des vagues.

Les éclairs se succédaient sans interruption.

Le grondement du tonnerre, incessant, lugubre, s’unissait au fracas de la mer, dont les profondeurs s’ouvraient phosphorescentes comme des cratères de volcan.

On n’entendait à bord, au milieu de ces bruits multiples de la tourmente, que le commandement