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fait assez nettement comprendre que son respect égalait son amour, et qu’il n’avait d’autre pensée que d’en faire sa femme, sa compagne adorée ?

Ces recherches et ces pensées l’amenèrent à supposer que Gabrielle déshéritée, sans fortune, n’était dominée que par un sentiment de noble orgueil, et sa passion s’en accrut encore davantage.

Il ne descendit chez lui qu’après s’être promis de demander, dès le jour suivant, la main de mademoiselle Berthier à sa mère ; et lorsque, pour rentrer dans sa cabine, il passa devant celle de la jeune fille, il ne put s’empêcher de s’arrêter un instant devant sa porte.

Il lui sembla l’entendre pleurer. Ce fut alors fou d’amour et de désirs qu’il se renferma chez lui, pour chercher un repos que les rêves les plus enivrants ne lui permirent pas de trouver.

Le lendemain, comme si elle eût deviné les projets de M. du Longpré, Gabrielle saisit la première occasion de se trouver seule avec lui.

C’était après le déjeuner ; les passagers étaient tous sur le pont, l’intérieur de la dunette était désert.

Mademoiselle Berthier s’était assise sur le divan qui garnissait le fond de la chambre ; elle fit signe à Paul de venir près d’elle.