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secret, mais donnez-moi votre cœur en échange du mien qui est tout à vous. Si je pouvais vous dire combien je vous adore, quelle impression profonde a faite en moi votre beauté, puis, lorsque je vous ai mieux connue, lorsque j’ai pu juger votre âme, quel doux avenir j’ai rêvé ! Elle n’est pas riche, me disais-je, tant mieux, c’est à moi qu’elle devra tout, et pour la première fois j’ai béni ma fortune, puisque je pouvais la mettre tout entière à vos pieds. Je suis presque un sauvage, moi ; je ne sais pas si je vous dis bien là tout ce que je voudrais vous dire, tout ce que je ressens ; mais vivre pour vous, par vous, près de vous ; n’avoir qu’une pensée : vous plaire ; qu’un désir : vous voir heureuse ; qu’un souci : vous aimer ! voilà mon rêve !

Ces brûlantes paroles avaient sans doute dompté la fière jeune fille, car ses grands yeux étaient remplis de larmes. Elle avait abandonné à M. du Longpré ses deux mains qu’il couvrait de baisers ; son sein était soulevé par une émotion qu’elle ne tentait pas de dissimuler, et, ses lèvres sur le front du créole, elle murmurait :

— Vivre aimée, toujours aimée !

— Toujours ! répéta Paul en l’entourant de ses bras.