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vous le jure, comme je ne saurais supporter cette torture de vivre si loin de vous en vous voyant chaque jour, j’arrêterai ici mon voyage, je renoncerai à aller en France, je retournerai à Bourbon pour n’en plus sortir jamais.

Le ton de fermeté avec lequel M. du Longpré avait prononcé ces dernières phrases fit tressaillir Gabrielle. Depuis longtemps déjà elle avait jugé Paul, elle savait qu’il était un de ces hommes qui n’ont qu’une parole et ne font jamais de compromis avec leur conscience. Or, cette menace de séparation l’épouvantait.

Aussi, brusquement, comme par un mouvement tout spontané, irréfléchi, lui tendit-elle la main, en disant :

— Non, ne restez pas ici, venez en France avec nous.

El sans attendre la réponse de M. du Longpré, dont la physionomie s’était transformée, elle fit faire à son cheval une volte savante et rejoignit les autres touristes qui, d’ailleurs, n’étaient plus qu’à quelques pas en arrière.

Aucun des passagers n’aurait certes pu lire sur les traits de la jeune fille l’émotion qui l’avait dominée pendant quelques secondes, car, en arrivant auprès de ses compagnons, son visage était