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elle lui tendait la main avec la même spontanéité amicale.

C’était surtout à lui qu’elle s’adressait, quand elle désirait quelque renseignement sérieux sur le fait historique ou le phénomène physique dont on s’était entretenu à table.

Par contre, la Parisienne faisait l’éducation artistique du créole. Deux mois avant d’arriver à Paris, il en connaissait les monuments, les théâtres, les célébrités, grâce aux portraits piquants tracés par Gabrielle. Aussi trouvait-il le plus grand charme à ces entretiens, bien que madame Berthier y assistât et, presque toujours, y prît part.

Les choses durèrent ainsi jusqu’au moment où l’Espérance arriva par le travers de l’île de Sainte-Hélène. Le clipper devait y faire relâche. Cette station était le dernier délai que s’était fixé M. du Longpré.

Lorsqu’il aperçut à l’horizon Sugar Loaff point, le cap sud de l’île, il se jura de ne pas continuer son voyage sans avoir dit à mademoiselle Berthier qu’il l’aimait.

Il n’ignorait pas que le trois-mâts ne devait rester sur rade que vingt-quatre heures, mais il savait aussi que quelques-uns de ses compagnons de bord avaient l’intention de faire à Longwood