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l’horrible sacrifice que lui imposait le devoir ; mademoiselle du Longpré, par sa présence, lui enseignait la résignation.

— Vous ! s’écria M. du Longpré en reconnaissant le capitaine de vaisseau. Suis-je donc en retard ? Déjà !

— Vous n’avez plus rien à faire hors de chez vous, dit M. de Martry d’une voix grave. Gabrielle est morte, Richard l’a tuée ! Lui-même n’est plus. Votre fille est bien à vous, à vous seul !

Le créole jeta un cri d’épouvante, auquel répondit le gémissement de mademoiselle du Longpré, et Jeanne, comprenant qu’elle ne verrait plus sa mère, se mit à la demander en pleurant.

— Jeanne, lui dit Paul en la couvrant de baisers, ta mère est partie pour toujours ; veux-tu que ton amie Blanche la remplace ? Blanche, le voulez-vous ?

Mademoiselle du Longpré ne répondit qu’en ouvrant ses bras à la fillette, qui s’était élancée vers elle.

— Ici, l’ineffable bonté de Dieu ! mon cher monsieur de Martry, fit M. du Longpré en étendant la main vers le groupe charmant que formaient la jeune fille et l’enfant ; mais, là-bas, d’où vous venez, toute sa terrible colère !