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C’était bien par acquit de conscience que M. de Martry s’exprimait ainsi, car, tel qu’il connaissait Richard, il craignait plus sa faiblesse que sa colère.

Du reste, M. Berney était relativement calme : seulement ses regards s’illuminaient parfois d’un feu sombre et menaçant. Il était évident qu’il luttait contre d’horribles obsessions. Ce qui s’agitait en lui, ce n’était pas seulement, comme le pensait le commandant, le sentiment d’un devoir de probité à accomplir en se mettant en travers des projets de Gabrielle, mais plus encore le désespoir de l’amant qui songeait à se venger.

M. de Martry resta près de son ami toute la soirée et ne le quitta qu’après lui avoir promis de le réveiller lui-même.

Mais Richard chercha vainement le sommeil ; la nuit ne fut pour lui qu’une interminable succession d’heures de tortures et de souvenirs ; et le lendemain matin, lorsque l’ancien officier de marine entrouvrit la porte de son hôte, celui-ci avait déjà disparu.

— Le niais, pensa M. de Martry, il va arriver trop tôt, et Gabrielle, une fois de plus, le jouera comme un enfant !

L’ancien officier de marine se trompait en sup-