Page:René de Pont-Jest - La Bâtarde.djvu/314

Cette page a été validée par deux contributeurs.

À l’idée que cette jeune fille, que son père lui avait confiée en mourant, allait être seule, car il ne pouvait songer à faire vivre sous le même toit la vierge et la courtisane, son cœur se révoltait ; il se demandait s’il ne s’exagérait pas le sentiment du devoir et se prenait à désirer, à espérer que mademoiselle Berthier ne pourrait pas tenir sa promesse, et que, par conséquent, elle le dégagerait de son serment.

Nous savons si c’était compter mal avec le machiavélisme de Gabrielle.

— Enfin que décidez-vous ? demanda M. de Martry au créole, lorsque celui-ci lui eut expliqué où il en était.

— Je n’ai plus qu’à me soumettre à l’enchaînement fatal des faits, répondit tristement M. du Longpré, puisque vous-même, qui espériez je ne sais quoi, vous ne m’apportez aucune chance de salut.

— Aucune, mon ami ; cette infernale créature est armée de toutes pièces. Je comptais sur une démarche que j’ai faite hier, mais elle a été sans résultat utile. Avec moitié moins d’intelligence et de volonté, quelle femme elle eût été dans un autre milieu et aux mains d’un honnête homme ! Sa mère est sa seule excuse.