Page:René de Pont-Jest - La Bâtarde.djvu/310

Cette page a été validée par deux contributeurs.

sa fille que jusqu’au jour où elle aurait intérêt à ce qu’il en soit autrement. Elle a voulu se venger ainsi de l’honnête homme qu’elle avait indignement trompé et qui ne voulait ni ne pouvait plus lui donner son nom. Mais elle a eu soin que cet honnête homme pût voir Jeanne ; elle a attendu patiemment qu’il fût devenu fou de cette enfant, qu’il s’épouvantât de l’avenir que pouvait lui faire sa mère, et qu’enivré d’amour paternel, prêt à tout sacrifier, même son honneur, à ce qu’il regardait comme un devoir sacré, il vint lui dire : Rendez-moi ma fille, et je vous épouserai.

— La misérable ! s’écria Richard, dont les yeux s’ouvraient enfin à la lumière.

— Tu sais maintenant l’épouvantable rôle que Gabrielle te fait jouer, poursuivit le capitaine de vaisseau. Tu as été le complice involontaire et inconscient, je le veux bien, mais le complice de cette infamie, des tortures qu’elle a infligées à un cœur trop loyal et trop bon. Tu as été entre ses mains un jouet docile, un instrument aveugle, et pour te remercier de ce dévouement, dont tu rougis maintenant, elle t’éloigne, elle t’envoie louer une maison de campagne à Nice, parce que, pendant ton absence, elle ira droit à son but, se mariera, et qu’à ton retour elle aura disparu de Paris