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— Je ne t’expliquerai rien du tout. Libre à toi de poursuivre ta route si cela te convient et si tu veux aider une dernière fois aux charmants projets de mademoiselle Berthier. Demain, je te dirai tout et tu me remercieras, si tu as encore au fond du cœur quelques sentiments honnêtes.

— Mais, commandant, je vous en supplie ; vous me mettez la mort dans l’âme.

— Si tu veux guérir, sois pendant quelques heures aussi fort que Gabrielle, ne lui parle de rien ; pars le sourire aux lèvres, et demain tu sauras tout.

— Soit ! je vous obéirai aveuglément, je vous le jure. Ah ! malheur à elle si, de nouveau, elle veut faire de moi sa dupe !

Richard avait prononcé ces mots avec une telle énergie que M. de Martry le laissa partir tout à fait rassuré.

M. Berney tint en effet sa parole. Vers cinq heures, il arriva chez mademoiselle Berthier avec sa malle et en tenue de voyage, et lorsque Gabrielle, après avoir dîné avec lui à la gare, le quitta à l’entrée de la salle d’attente, Richard lui rendit si affectueusement son baiser d’adieu, qu’elle ne se douta pas un instant du complot arrêté rue du Cirque.