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Le créole ne répondit pas et se laissa conduire.

Gabrielle s’était éloignée de son côté, mais pour retrouver mademoiselle Normand à qui elle dit rapidement à voix basse :

— Priez Richard de ma part de bien s’assurer si mon maître d’hôtel a suivi mes ordres pour le buffet ; qu’il ne s’en rapporte pas à cet homme, mais qu’il ait la complaisance d’examiner un peu tout par lui-même.

Comprenant à demi-mot ce que voulait son amie, l’ex-pensionnaire de la Comédie française l’assura que, pendant une demi-heure au moins, M. Berney ne la gênerait pas.

C’était là sans doute plus de temps qu’il n’en fallait à mademoiselle Berthier, car sa physionomie eut un éclair de satisfaction, et elle se mêla à la foule pour rejoindre M. de Martry, non pas en traversant les salons, mais par le vestibule.

Le boudoir où le commandant avait conduit M. du Longpré était une petite pièce que la maîtresse de la maison affectionnait tout particulièrement. Elle était tendue de satin gris perle brodé d’oiseaux et de fleurs, et meublée dans le plus pur Louis XV. Une glace sans tain, qu’on pouvait à volonté recouvrir d’un store peint par Richard, la séparait du premier des grands salons, avec