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On venait de terminer une valse, et M. de Joigné avait retrouvé MM. Dusert dans le premier salon par lequel entraient les invités, lorsqu’il entendit annoncer MM. de Martry et Paul du Longpré.

Ces messieurs ne purent retenir un mouvement de surprise. La présence du commandant chez mademoiselle Berthier était toute naturelle, on le savait de ses amis depuis longtemps, mais ils ne s’expliquaient pas celle du créole, dont l’existence était toujours restée si calme et si complètement en dehors de ces réunions extramondaines.

L’étonnement de M. de Joigné fut encore plus grand lorsque, portant alternativement ses regards de Gabrielle à Paul, il remarqua l’étrange sourire de la jeune femme et la pâleur ainsi que la physionomie sévère de M. du Longpré.

Il se demanda alors si c’était bien le hasard seul qui les rendait, MM. Dusert et lui, les témoins de cette présentation, qui devait avoir quelque cause mystérieuse. Il se souvint au même moment de ce qui s’était passé une douzaine d’années auparavant, rue de Flandre, et se rappelant l’émotion de M. du Longpré lorsqu’il lui avait donné certains renseignements peu flatteurs sur Gabrielle, il ne fut pas loin de penser que le créole ne l’avait interrogé à cette époque que pour son propre compte.