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où elle s’assura d’un coup d’œil que toutes ses instructions avaient été bien suivies.

En la voyant, Richard eut un éblouissement et, dans les regards, un éclair de désespoir jaloux. Gabrielle, il est vrai, était merveilleusement belle. Elle portait avec une distinction parfaite une robe de faille blanche à longue traîne, à peine décolletée et sans le moindre ornement.

Sauf un peigne d’admirables perles pour retenir sa pesante chevelure, ni sur ses luxuriantes épaules ni sur ses bras aux formes si pures, pas un bijou ; ce qui était de sa part tout à la fois coquetterie et preuve de bon goût, puisqu’elle était chez elle et que tout le monde savait qu’elle avait de splendides écrins.

S’apercevant de l’impression qu’éprouvait son amant, la jeune femme s’en approcha et lui dit avec un de ses irrésistibles sourires :

— Tu sais, cher Othello, qu’il faut absolument prendre un autre visage, si tu ne veux pas nous donner en spectacle, ce qui serait tout à fait ridicule. Préférerais-tu que je fusse laide ?

— Peut-être ! murmura Richard.

— Grand fou ! tu ne m’aimerais pas pendant une heure. Si tu as l’ombre de raison, tu ne t’occuperas pas de moi, et certain que demain est bien