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vrait plus difficilement qu’autrefois, ce fut une déception générale en même temps qu’un concert de critiques et de propos malveillants. On accusa l’ancienne courtisane d’orgueil et d’ingratitude. Ce fut bien pis quand on sut qu’elle donnait une soirée, et que le chiffre de ses invitations était limité à une centaine.

Mademoiselle Berthier fut bientôt au courant des malédictions mondaines dont on l’accablait, mais elle resta inflexible. En femmes, elle ne voulait recevoir que des artistes de premier ordre, du moins par le nom du théâtre auquel elles appartenaient, et en hommes, que des gens du monde ou des célébrités incontestables.

Pendant les deux jours qui suivirent la tentative d’entrevue de M. du Longpré, Gabrielle fut tout entière à ses préparatifs de fête, et le jeudi indiqué, vers huit heures du soir, la façade de son hôtel s’enguirlanda de gaz, et les portes de la grille s’ouvrirent à deux battants.

L’habitation présentait un coup d’œil vraiment féerique ; on voyait qu’une femme de goût avait présidé à son ornementation. Les vestibules et les escaliers étaient garnis de fleurs rares, la salle à manger avait été transformée en un buffet resplendissant d’argenterie et de cristaux, l’orchestre avait