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c’est que moi, qui voudrais tant vous voir heureux, je suis un obstacle à quelque projet.

— Oh ! vous ne le pensez pas, Blanche, dit vivement M. du Longpré.

— J’en suis presque certaine, au contraire. Quel est ce projet ? je l’ignore, mais écoutez-moi bien. S’il ne vous faut que de l’argent pour vaincre les résistances qui vous séparent de cette enfant, prenez ma fortune tout entière ; ces femmes-là doivent aimer l’argent ; moi, je n’ai pas besoin de grosses rentes, ni de dot : je ne me marierai pas, je n’échangerai jamais mon nom contre un autre que le mien. Je suis majeure, j’ai donc le droit de disposer de mon bien. J’ai fait rédiger par mon notaire un acte qui vous en laisse la libre disposition. S’il vous fallait mon cœur, s’il vous fallait ma vie, Paul, vous pourriez prendre également mon cœur et ma vie ; il y a longtemps que l’un et l’autre vous appartiennent.

— Vous êtes un ange, Blanche ! s’écria M. du Longpré en tombant aux genoux de la jeune fille.

— Non, non, mon ami, reprit-elle en serrant les mains de son cousin dans les siennes, je vous aime, mais pour vous-même, voilà ma force, et je veux à tout prix, à tout prix, entendez-vous ? que vous soyez heureux.