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soins de notre récit. Mademoiselle Berthier n’était une exception, dans le monde où se déroule cette seconde partie de notre drame, que parce qu’elle en représentait la quintessence ; mais elle n’en était pas moins le produit naturel, la personnification absolue.

Mieux élevée, plus instruite que ses rivales, admirablement douée du côté de l’intelligence et de l’esprit, complétement désirable pour les vaniteux, les passionnés et les fous, c’est-à-dire pour la masse des chercheurs d’amours ; décidée à renverser tous les obstacles, Gabrielle devait atteindre au sommet du vice élégant sans jamais rouler dans la boue.

Son cynisme était de bonne maison, et elle disait : Monsieur, à son amant de la veille, d’un tel ton et avec un tel regard que nul ne se serait jamais hasardé à lui répondre autrement que : Madame.

À Athènes, elle eût été Aspasie ; à Corinthe, Laïs. Ainsi que Leontium, elle eût dicté à Épicure le code des voluptés. Comme Marozia, à Rome, elle eût fait et défait des papes. Ne pouvant, à l’imitation de Phryné, offrir une statue d’or au temple de Jupiter, ou, à celle de Rhodope, construire une pyramide, elle imitait, autant que le lui permettait son siècle prosaïque, ses illustres aïeules, en ma-