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Pendant plusieurs minutes, on n’entendit que le bruit sonore des baisers de la fillette sur les joues de son ami. Les yeux de M. du Longpré étaient humides.

À la pensée qu’on lui enlevait cet être bien-aimé qui lui coûtait si cher, il le serrait plus fortement contre son cœur.

Madame Brétigny assistait à cette scène en regrettant presque de n’avoir pas conduit directement son élève chez sa mère.

— Oh ! pourquoi pleures-tu, mon ami ? demanda tout à coup Jeanne, qui avait éloigné son visage de celui de son père et plongeait ses grands yeux dans les siens. Est-ce que je t’ai fait de la peine ?

M. du Longpré, si fort, nous l’avons vu, contre les orages de la vie, se sentait sans courage et sans énergie.

— Certes non, chère petite, répondit-il, en s’efforçant de sourire, tu ne m’as fait aucun chagrin, mais tu vas quitter madame Brétigny, et nous ne pourrons plus nous voir.

—Ah ! oui, maman est venue me chercher. Mais tu viendras chez elle ?

— Chez ta mère…

Le malheureux étouffa brusquement les pa-