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paternel restèrent les plus forts. Il ne se crut pas le droit d’être heureux ni de rendre heureux au préjudice de l’avenir de Jeanne, et il ferma les yeux, étouffa les battements de son cœur, pour ne pas voir, pour ne pas comprendre davantage tout le bonheur que lui coûtait un passé maudit.

Seulement, à partir de ce jour-là, il se priva d’amener sa fille rue de Flandre et ne la vit, pour ainsi dire, qu’en secret ; il évita de se trouver seul avec mademoiselle du Longpré, se persuadant qu’elle l’oublierait, comme les jeunes filles oublient si souvent leur premier amour, et il s’efforça de lui procurer mille distractions, que Blanche ne repoussait pas toujours, mais qui ne ramenaient sur ses lèvres décolorées qu’un triste sourire.

Telle était la situation faite par un intervalle de douze années aux divers personnages de notre récit, à l’heure où nous le reprenons pour peindre les épisodes qui vont en précipiter le dénoûment.