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veilla son élève, la questionna, mais vainement. Blanche resta d’autant plus impénétrable que, de jour en jour, elle se rendait mieux compte de ses sentiments.

Elle aimait Paul de toute son âme. Elle l’aimait pour les soins affectueux dont il l’avait entourée depuis tant d’années ; elle l’aimait parce qu’elle ne connaissait nul être meilleur ni plus noble que lui, parce qu’elle l’avait vu n’avoir pour elle que des sourires, alors qu’il souffrait visiblement, parce qu’il représentait le passé heureux et répondait à toutes ses aspirations et à tous ses rêves de jeune fille.

Elle ignorait, la chaste enfant, que l’affection de son cousin, qui l’avait vue grandir, n’était pas moins complète que la sienne ; mais M. du Longpré, tout entier d’abord à ses douleurs, puis tout entier plus tard à ses joies nouvelles, n’avait rien deviné de l’amour de Blanche, et il étouffait son propre amour, se jugeant indigne de cette vierge à laquelle il ne pouvait offrir qu’un cœur souillé par une passion dont le souvenir le faisait rougir.

De plus encore, le créole avait consulté Me Dumarest pour savoir ce qu’il lui serait permis de faire si, par hasard, Jeanne devenait orphe-