Page:René de Pont-Jest - La Bâtarde.djvu/227

Cette page a été validée par deux contributeurs.

rable portrait d’enfant, tout naturellement elle questionna Paul. Celui-ci dut mentir.

— C’est la fille, répondit-il à sa cousine, d’un de mes amis mort aux colonies ; la pauvre petite est orpheline ; j’aimais beaucoup son père, je m’intéresse très vivement à elle.

Mais Paul mentait mal, et comme mademoiselle du Longpré, dont le cœur seul était indiscret, multiplia chaque jour ses questions à propos de ce portrait, le créole laissa si bien paraître son embarras que la jeune fille soupçonna quelque mystère.

Un mois plus tard, grâce à l’indiscrétion du cocher de M. du Longpré, indiscrétion qu’elle avait généreusement payée, Blanche savait que son cousin allait deux fois par semaine avenue d’Eylau et qu’il emmenait très souvent la petite Jeanne dans sa voiture.

Instinctivement, mademoiselle du Longpré comprit qu’un lien plus puissant qu’une simple protection attachait son cousin à cette fillette, et c’est à partir de cette époque que son esprit s’assombrit, en même temps que sa santé s’altéra visiblement. Elle avait alors dix-neuf ans.

Madame Dormeuil, véritablement effrayée, s’efforça de pénétrer cette transformation ; elle sur-