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plus que de Richard. Elle abandonnait celui-ci une seconde fois, autant amoureux que jadis, mais plus misérable encore ; car il ne lui restait même plus, pour se consoler de sa lâcheté et oublier sa honte, ces quelques instants d’ivresse que lui accordait çà et là sa maîtresse, lorsque, blasée ou inassouvie, elle revenait à lui avec cette impétuosité que la nature met aux flancs des fauves dont ses lois veulent le rapprochement.

Il est vrai que Gabrielle promit à Richard, avant de partir, de lui faire signe dès qu’elle serait installée en Russie, et qu’ils convinrent, en outre, de se retrouver le plus souvent possible, en Allemagne ou en Italie, en attendant l’époque où elle pourrait rentrer en France.

Quant à sa fille, mademoiselle Berthier ne songea pas un seul instant à l’emmener avec elle, bien que le prince Romanoff n’eût contre cette enfant nulle jalousie.

Le Russe n’était jaloux ni de personne ni de rien. Son amour pour Gabrielle était ce que sont les passions des étrangers pour ces filles de Paris qui se croient adorées parce qu’elles sont cotées à un haut prix : une question de curiosité, de vanité et de possession.

Ces amours-là ne s’intéressent pas plus au passé