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des causes de ruine de ceux que des faits criminels amènent à sa barre, elle va toujours plus au fond des choses lorsqu’il s’agit d’un homme que ses fonctions mêmes défendaient contre les soupçons.

C’est ce qui arriva dans le cours de l’instruction contre M. Daubray. On y découvrit aisément mademoiselle Berthier, et le magistrat devant lequel elle dut comparaître la traita de telle sorte qu’elle jugea prudent de s’éloigner ; non pas qu’elle craignît contre elle quelque action judiciaire, elle connaissait son code et savait qu’elle n’avait commis ni crime ni délit, mais elle n’ignorait pas que, grâce à sa situation équivoque, on pouvait lui susciter des ennuis qu’elle préférait éviter.

Le hasard, qui l’avait déjà si souvent servie, lui fournissait, d’ailleurs, une excellente occasion de quitter Paris avec tous les honneurs et les profits de la guerre. Son amant, le prince Romanoff, était obligé de retourner en Russie. Elle lui persuada aisément qu’elle était prête à tout abandonner pour le suivre, et le monde galant apprit un jour que sa plus brillante étoile avait filé pour les rives de la Néva.

Du notaire Daubray, qui fut peu de temps après condamné à vingt ans de travaux forcés, mademoiselle Berthier ne s’inquiéta pas un instant, non