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Il est inutile d’ajouter que jamais, dans ces entrevues, le nom de Gabrielle n’était prononcé. À certains intervalles, Paul n’avait pu s’empêcher de demander à son ami ce qu’était devenu l’enfant de mademoiselle Berthier, et c’est ainsi qu’il avait appris qu’elle s’appelait Jeanne et que sa mère s’en occupait si peu.

Plusieurs fois même, M. du Longpré avait demandé au commandant où se trouvait la maison de campagne de Gabrielle ; mais, pressentant quelle pouvait être l’intention du pauvre père, M. de Martry lui avait toujours répondu :

— Il est préférable, mon ami, que vous l’ignoriez. Vous voudriez voir cet enfant, c’est-à-dire rouvrir une blessure que le temps a déjà un peu cicatrisée. Attendez ; un jour ou l’autre, le hasard et Dieu se mettent du côté des honnêtes gens.

Paul n’avait pas insisté, mais il était resté bien évident pour l’ancien officier de marine que cet homme d’honneur, en qui le sentiment du devoir primait tous les autres, ne se pardonnait pas l’impuissance à laquelle il était condamné par les événements.

Les choses duraient ainsi depuis cinq ans déjà, lorsque Paris fut réveillé un matin par la nouvelle de l’un de ces scandales financiers devenus si fré-