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— Mais si vous vous croyez si lâche et si misérable, dit Gabrielle d’une voix douce et soumise, vous n’avez qu’à me chasser. Dites un mot, un seul, et vous ne me reverrez jamais.

— Ainsi, tout ce que je viens d’entendre est vrai ! gémit l’artiste. Après m’avoir cruellement abandonné, vous m’avez indignement trompé. Savez-vous que cela est horrible, Gabrielle, et que j’ai failli en perdre la raison ? Pourquoi ne m’avez-vous pas tout au moins prévenu de votre départ ?

— J’ai craint votre opposition ou votre désir de nous suivre. Or, nous ne pouvions arriver ensemble à Bourbon.

— Soit ! mais, après cet abandon, pourquoi cette trahison ?

— Parce que j’étais affolée, parce que je voulais être riche, parce que, partie pour recueillir là-bas un million, je ne voulais pas rentrer pauvre à Paris. Désespérée de ne pouvoir réaliser le rêve que j’avais fait en quittant la France…

— Quel rêve ?

— Celui de revenir avec une fortune dont j’aurais eu le droit de vous offrir la moitié, car sa source eût été pure. Eh bien ! désespérée de ne pouvoir réaliser ce rêve, je résolus de ne plus vous revoir jamais, et je me laissai aimer par un