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d’hui : Une femme telle que Gabrielle ne revient pas à l’homme qu’elle a aimé en raison des services que lui a rendus cet homme ou des sacrifices qu’il a faits pour elle, mais en raison des services qu’il peut encore lui rendre ou des sacrifices qu’il peut encore faire. Tu as donné à Gabrielle ta jeunesse, ton cœur aimant et inexpérimenté ; tu lui as sacrifié tes travaux, elle a soufflé sur ton talent qui prenait son essor ; elle n’a donc plus besoin de ta jeunesse, ni de ton cœur, ni de ton talent. Ce qu’elle veut de toi, c’est tout autre chose, j’en ai peur ! Si elle revient après t’avoir si complètement oublié pendant des mois entiers, c’est que tu peux lui être utile. Comment ? Je l’ignore, et c’est ce qui m’effraye.

— Vous oubliez, mon cher commandant, que mademoiselle Berthier est riche. La fortune dont elle a hérité à Bourbon la met à l’abri de vos suppositions malveillantes. C’est cette fortune seule qui pourrait être un obstacle à mon pardon. Si Gabrielle était pauvre, elle serait ici chez elle.

— Eh ! il s’agit peu pour Gabrielle de partager ton bien-être matériel ; j’ai peur qu’elle ne t’offre plutôt de partager sa honte.

— Sa honte ! Que voulez-vous dire ?

Richard avait prononcé ces paroles avec un tel