Page:René de Pont-Jest - La Bâtarde.djvu/164

Cette page a été validée par deux contributeurs.

j’aurai l’honneur de venir vous prendre à dix heures. Croyez-le, monsieur, je suis un honnête homme, et j’aimais mademoiselle Berthier de toute mon âme ; c’est vous dire que j’aurais tenu mes serments ; mais sa duplicité, plus encore que son passé, l’a séparée de moi pour jamais. Cela, quoi qu’elle tente, quoi qu’elle fasse ! Non seulement elle eût impitoyablement déshonoré mon nom, mais elle eût porté le désespoir dans le cœur d’un vieillard. De cette douloureuse aventure, je ne veux conserver qu’un souvenir : celui du devoir qui me reste à remplir, et qu’un sentiment : votre amitié, si vous me faites l’honneur de me l’accorder.

— Vous aviez déjà toute ma sympathie ; mon amitié la plus sincère vous est acquise.

Et prenant la main que M. du Longpré lui tendait, le commandant la lui serra avec effusion.

Le marin et le créole restèrent ensemble quelques instants encore, puis ils se quittèrent en se disant : À demain.

Le soir même, M. de Martry retourna chez mademoiselle Berthier pour lui faire part de son entretien avec M. du Longpré, ainsi que des intentions de ce dernier ; mais, comme il s’y atten-