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Presque toujours vêtu de velours noir et chemisé de batiste, on eût dit un Van Dyck descendu de son cadre.

Ses grands yeux bruns étaient tout à la fois doux et hardis et ses lèvres souriantes, mais ses gestes avaient une sorte de grâce féminine, inattendue, qui permettait de supposer que ce superbe cavalier ne possédait, au moral, aucune des qualités viriles qu’on eût désiré trouver en lui.

Richard était, en effet, une de ces natures malléables, sans énergie, si communes à notre époque d’énervement et de doute ; natures aussi propres au mal qu’au bien, selon les milieux et les circonstances, incapables de toute lutte morale, cédant sans combat à leurs passions, avides de jouissances matérielles et de triomphes d’amour-propre.

Rendu libre de bonne heure par la mort de son père qui lui avait laissé une certaine fortune, dont une partie inaliénable, Berney s’était imaginé posséder la flamme de Raphaël et du Titien, et son premier succès l’avait rempli d’orgueil.

Grand prix de Rome, grâce à son tableau la Mort d’Achille, il avait continué à donner les plus grandes espérances, puis tout à coup, moins d’une année après sa rentrée en France, ses maîtres