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— Fort peu par moi-même, je ne crois pas lui avoir adressé dix fois la parole ; mais beaucoup par mes amis, par le tout Paris du monde où elle brillait.

— Et elle s’appelle bien Gabrielle Berthier, Gabrielle ?

— Dame ! je le suppose. On raconte qu’elle est la fille d’un officier de marine mort dans l’extrême Orient ? Est-ce vrai ? Cela, je n’oserais vous l’affirmer. Jadis toutes ces dames devaient le jour à quelque colonel tué à Waterloo, mais vous comprenez que Waterloo est trop loin de nous aujourd’hui pour qu’elles puissent faire remonter leur naissance jusque-là. Du reste, en ce qui concerne mademoiselle Berthier, sa mère se serait révoltée contre une semblable date.

— Mademoiselle Berthier a encore sa mère ?

— Je le crois bien, et une fort jolie femme. Il y a deux ou trois ans, le vieux duc de Mendoza faisait des folies pour elle ; mais, un beau jour, il l’a quittée brusquement ; on n’a jamais su pourquoi.

Paul ne pouvait plus douter ; c’était bien de la Gabrielle qu’il aimait tant dont le journaliste voulait parler. Si profond que fût son désespoir, il eut cependant le courage d’ajouter :