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péril que Gabrielle ne conduisait jamais son amant au théâtre que dans des baignoires et au bois que dans des voitures fermées ; de plus, le jour et aux heures où elle était à peu près certaine de ne rencontrer aucune de ses connaissances d’autrefois.

Même seule, la prudente jeune femme ne sortait que rarement à pied, et Paul, qui approuvait sa façon de faire, sans en connaître les véritables causes, l’avait forcée d’accepter un fort beau coupé de Binder. Mademoiselle Berthier s’y cachait, laissant les panneaux de sa voiture sans chiffre ni armoiries, en attendant qu’elle pût orgueilleusement y faire peindre les initiales de son mari, c’est-à-dire celles qui seraient devenues les siennes.

Malgré toutes ces précautions, mademoiselle Berthier avait ça et là de subites terreurs, car il lui arrivait parfois, soit au théâtre, soit au bois, d’apercevoir un visage ami. Elle s’enfonçait alors dans l’ombre de sa loge ou dans son coupé, et si, dans l’un de ces moments, elle se trouvait avec M. du Longpré, elle s’en rapprochait avec un tel abandon que le malheureux prenait le mouvement de la jeune femme pour une nouvelle marque d’amour.