— Maintenant, commandant, causons.
— Causons, répondit M. de Martry, ou plutôt causez, car c’est vous surtout qui avez à me raconter bien des choses.
— Donnez moi des nouvelles de Richard.
— Votre départ a failli le tuer ; pendant deux mois il a été en danger de mort ; aujourd’hui il est tout à fait bien, au physique et au moral.
— Vous voulez dire qu’il ne m’aime plus ?
— Je l’espère pour vous et pour lui. Vous connaissez mes idées à propos de votre liaison : je la trouvais malheureuse pour tous deux. Une circonstance imprévue vous a fait rompre ; le coup a été rude pour notre ami, mais, puisqu’il est guéri, nous devons tous considérer cet événement comme un bonheur.
— Soit ! Et vous, m’aimez-vous toujours ?
— Comment pouvez-vous me faire une semblable question ?
— Dame ! Richard m’a bien oubliée !
— Oui, mais, moi, je n’ai jamais été que votre ami ; j’ai eu la force de résister aux éclairs de vos grands yeux, aux chocs magnétiques de votre serrement de main, à ces effluves enivrantes que vous répandez autour de vous et qui font perdre la raison à ceux qui ne s’enfuient pas. Vous voyez